Grossesse arrêtée, œuf clair, fausse couche précoce
Celui qui devait ne jamais exister...
On parle d’œuf clair lorsque la poche gestationnelle est vide. C'est-à-dire qu'il y a bien eu fécondation mais la division cellulaire n'a jamais commencé. Ainsi il n'y a pas d'embryon qui se développe.
Il s'agit d'une grossesse non évolutive, une grossesse arrêtée.
Pourtant ça a commencé normalement. La femme est bien enceinte et a des symptômes de grossesse.
Les tests urinaires sont positifs.
Le taux de Bêta HCG évalué par prise de sang indique tout d'abord une grossesse évolutive.
C'est à la 1ère échographie qu'on constatera le sac gestationnel vide.
Malheureusement cela peut seulement être à la première écho obligatoire des 3 mois.
Et là c'est un véritable choc pour la femme enceinte qui constate à l'écran un grand vide. "Il n'y a rien Madame".
Sa réalité psychique est complètement niée par la réalité biologique. Le bébé qu'elle imaginait et attendait n'a jamais existé. Elle peut avoir une sensation d'irréalité.
L'annonce est d'autant plus dure à encaisser si la sage-femme ou gynéco n'a pas les mots justes et bienveillants pour expliquer les choses.
Parfois l’œuf clair est expulsé naturellement par le corps.
Quand ce n'est pas le cas, l'expulsion est provoquée par médicaments ou alors il faut avoir recours au curetage (mêmes procédés que pour un IVG en somme).
Quoi qu'il en soit cela se fera dans les saignements et la douleur.
Faux bébé. Fausse couche.
Vrai perte. Vrai douleurs physique et psychique.
Même lorsque la fausse couche est précoce, la perte est réelle.
⚠️ Les écho trop précoces peuvent d'abord révéler un œuf clair, mais finalement l'évolution se fait quelques jours/semaines plus tard. Parfois les médecins ne laissent pas le temps à la nature de se développer et indique trop vite la voie médicamenteuse pour l'expulsion.
Il est important de faire des prises de sang pour vérifier l'évolution du taux HCG et de faire 2 échos à quelques jours d'intervalle pour être bien sûr que l'embryon ne se développe pas.
Des prétendus œufs clairs ont donné de magnifiques bébés !
Implications psychologiques
La découverte d'un œuf clair ne peut se faire que par une échographie. Souvent la première que la femme enceinte va faire, pensant qu'elle va voir pour la première fois le fœtus.
Le choc est violent lorsqu'on lui fait comprendre qu'il n'y a rien. Comme si elle avait fantasmé les dernières semaines, que rien n'avait jamais été réel. Ainsi les réalités se télescopent, entraînant un moment de sidération. Qu'est-ce qui est vrai ? Les symptômes ou l'image ?
Certaines femmes évoquent le sentiment que leur corps les a trahies.
Malheureusement ce mensonge, cette trahison continuera jusqu'à l'évacuation de l’œuf clair, quelques jours voire plusieurs semaines plus tard... Il faut ainsi se convaincre de cette nouvelle réalité : il n'y a et n'y aura pas de bébé ; pourtant les signes de grossesse sont là.
On associe "femme enceinte" à "bébé", pourtant ce n'est pas toujours le cas, et qui pour s'occuper de l'ex future maman ?
Celle-ci se retrouve bien seule avec ses questionnements, ses peurs et sa souffrance. Souvent livrée à elle-même concernant l'expulsion... jusqu'à devoir tirer la chasse sur ce qu'elle a cru être son futur enfant...
Le vide de son ventre peut la renvoyer à un sentiment de vide plus global et existentiel : pendant plusieurs semaines presque toutes les pensées de la femme enceinte porte sur sa grossesse et son bébé à naître. D'un coup tout s'arrête brutalement, laissant une place importante que vont occuper les sentiments de tristesse, d'injustice, de colère, de culpabilité...
Au-delà du deuil à faire de cette grossesse interrompue trop tôt, de ce futur bébé qui n'a en fait jamais existé, il faut accepter qu'il n'y a pas de raison, de cause connue, de responsabilité ou culpabilité à rechercher où que ce soit. Et ça aussi c'est difficile, ne pouvoir tenir responsable rien ni personne, juste se dire "c'est comme ça", "aujourd'hui c'est moi, demain ce sera une autre".
Un lourd silence peut entourer cet événement, les fausses couches restent souvent cachées, ce qui renforce le sentiment d'être anormale, et la forte honte de ne pas avoir été capable d'accueillir la vie en son ventre.
Pourtant, une multitude de femmes passent par cette épreuve (1/4 connaîtra une fausse couche dans sa vie...). Si ça ne doit pas minimiser la douleur d'un tel événement, cela doit permettre de se rappeler qu'aucune grossesse n'est normale et que parfois le parcours pour être mère est un peu plus long et chaotique que prévu sans que ce soit lié à la capacité de la future maman.
Pour traverser ce deuil et envisager une éventuelle future grossesse, il est parfois nécessaire de se faire accompagner par un professionnel du soin psychique. Si vous vous retrouvez dans ces mots, n'hésitez pas à me contacter...
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